Producteur et adhérent Energie d’ici : les Papeteries Léon Martin

Producteur et adhérent Energie d’ici : les Papeteries Léon Martin

Bonjour Thomas Martin, pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours ainsi que de votre rôle au sein des Papeteries Léon Martin ?

Je représente la cinquième génération de l’entreprise familiale, fondée en 1895. J’ai suivi un parcours classique en école de commerce, mais initialement, je n’avais pas l’intention de rejoindre l’entreprise familiale. Après mes études, j’ai passé treize ans à l’étranger, notamment en Europe, en Asie et en Afrique. Ce n’est qu’au moment du départ à la retraite d’un commercial multifonctions que j’ai postulé pour ce poste au sein des Papeteries. Cela m’a permis de me familiariser avec l’entreprise et de découvrir progressivement si j’y avais un intérêt. Finalement, cela a fonctionné et je suis resté. Aujourd’hui, je suis président de l’entreprise, aux côtés de ma mère qui est directrice générale.

Les Papeteries Léon Martin existent depuis presque 130 ans. Quelles ont été les grandes étapes de leur histoire ?

Concernant la fabrication du papier, il n’y a pas eu de rupture majeure, car nous avons conservé le même savoir-faire depuis la création de l’entreprise. Ce qui a changé, c’est l’innovation technologique qui a permis d’améliorer les performances de la machine à papier, tout en gardant les bases de notre métier intactes. Une autre étape importante a été le passage des fibres recyclées issues des vieux chiffons aux fibres issues des vieux papiers dans les années 1950. Nous avons dû adapter nos procédés pour recycler des chutes de papier issues de la presse et de l’industrie papetière.

L’entreprise a donc traversé des changements importants au niveau des matières premières. Pouvez-vous nous en dire plus ?

À l’origine, nous utilisions des matières textiles récupérées par les chiffonniers pour fabriquer du papier. Mais avec l’évolution de la chimie et l’introduction des fibres synthétiques, ces matières sont devenues de plus en plus rares. Cela a marqué un tournant dans les années 50, où nous avons commencé à recycler du papier, une pratique qui n’existait pas à l’époque. À partir des années 70, nous avons également introduit des fibres issues du bois pour monter en gamme et répondre aux besoins de nos clients. Aujourd’hui, nous utilisons un mélange de fibres recyclées et de fibres neuves, en fonction des exigences des clients et des produits à fabriquer.

Les Papeteries Léon Martin sont connues pour leur spécialisation dans les papiers fins. Pouvez-vous nous parler des marchés que vous ciblez aujourd’hui ?

Nous sommes restés fidèles à notre spécialisation dans les papiers fins. À l’origine, nous étions sur des papiers dits « mousselines », qui étaient utilisés pour emballer et protéger des fruits. Ce savoir-faire reste notre cœur de métier aujourd’hui, mais il a évolué vers des secteurs plus haut de gamme comme la cosmétique, la maroquinerie et le textile. Nos papiers sont toujours sur-mesure, en couleur et recyclables, mais la demande croissante de produits à faible impact nous porte vers de nouveaux marchés.

L’hydroélectricité est au cœur des Papeteries Léon Martin. Depuis quand cette technologie fait-elle partie de l’entreprise ?

L’hydroélectricité est présente sur notre site depuis ses débuts. Avant que l’activité papetière ne s’installe ici en 1880, il y avait une forge qui utilisait la force hydraulique du site. Nous avons conservé cet avantage, et dans les années 1950, nous avons installé une turbine pour produire de l’électricité. Aujourd’hui, cette énergie hydroélectrique couvre une partie de nos besoins, mais nous devons tout de même acheter de l’électricité pour compléter, notamment auprès d’Energie d’ici.

Pourquoi avez-vous choisi de collaborer avec Energie d’ici pour la vente et l’achat d’électricité ?

Le choix d’Energie d’ici s’est fait en cohérence avec nos valeurs. Nous produisons déjà une partie de notre électricité via notre installation hydroélectrique, il nous semblait logique de compléter cette production par une énergie également renouvelable. La proximité géographique, le fait que l’énergie provienne des barrages hydroélectriques des Pyrénées, et le contact humain avec une entreprise à taille humaine comme la nôtre ont également pesé dans notre décision. De plus, il y avait un aspect de compétitivité qui a rendu ce partenariat attractif.

Comment s’organise la transmission du savoir-faire au sein des Papeteries Léon Martin ?

Il existe des écoles papetières en France, mais la plupart de nos employés sont formés en interne. Nous fonctionnons beaucoup par tutorat, et les personnes qui rejoignent l’entreprise évoluent progressivement en fonction de leurs compétences et de leurs aspirations. Certains passent toute leur carrière ici, en gravissant les échelons jusqu’au poste de conducteurs de machine. Nous avons toujours encouragé cette approche, car c’est un métier qui s’apprend sur le terrain, au contact des machines et des produits.

Comment se déroule le processus de fabrication du papier, de la fibre à la feuille ?

Le processus commence par la mise en suspension des fibres dans l’eau, qu’elles soient recyclées ou neuves. Cela permet de séparer les fibres et de les préparer pour la fabrication. Ensuite, la fibre diluée est déposée sur une toile de formation où l’eau est progressivement extraite. La feuille passe ensuite dans une presse pour éliminer encore plus d’eau, puis dans une sécherie constituée de cylindres chauffés pour évaporer l’humidité restante. À la fin du processus, la feuille de papier est prête avec un taux d’humidité optimal de 5 à 7%.

L’eau est essentielle dans notre processus, tant pour la production d’hydroélectricité que pour la fabrication du papier. Elle fait partie intégrante de notre quotidien et de notre activité. Nous veillons à valoriser cette ressource et à l’utiliser de manière responsable, car elle est indispensable à la qualité de nos produits et à la pérennité de notre entreprise.

Thomas Martin, Président des Papeteries Léon Martin
Bobinage, Papeteries Léon Martin. Crédit Raphaël KANN